(AMAP) Des militaires maliens mécontents du nouveau gouvernement annoncé, lundi, par les autorités de transition ont emmené de force le président et le Premier ministre le même jour au camp militaire de Kati, à 15 kilomètres de Bamako, la capitale.
Peu après l’annonce du remaniement ministériel, des hommes en armes se sont rendus au domicile du Premier ministre, Moctar Ouane. Il pu a joindre au téléphone nos confrères de l’Agence France presse (AFP) et a pu signaler la présence d’hommes armés chez lui « en train de le conduire chez le président de la Transition ».
D’après un proche du chef du gouvernement, le Premier ministre et le président ont été conduits à Kati. La ville-garnison située à une quinzaine de kilomètres de la capitale est l’ancien fief de l’ex-junte.
La ville de Bamako reste plutôt calme vers 21h, heures locales et GMT. La circulation est normale. Et la télévision nationale, en service minimum, en raison d’une grève de cinq jours de la plus grande centrale syndicale, a même rediffusé, cette nuit, le communiqué officiel annonçant la liste des membres du gouvernement.
Des militaires, membres de la junte auteur du coup d’Etat d’août 2020 sont mécontents du remaniement qui a vu deux des leurs quitter les ministères de la Sécurité et de la Défense. Selon certaines sources, les militaires exigeraient la dissolution du nouveau gouvernement, la démission du Premier ministre Moctar Ouane, la nomination d’un nouveau Premier ministre qui formera un nouveau gouvernement dans 72 heures.
Depuis plusieurs jours, des rumeurs, ici, ont fait état de ce mécontentement. Et même de l’arrestation du président Bah N’Daw, de retour jeudi de Paris, en France, où il a participé au sommet sur le financement des économies africaines.
Le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la crise malienne et ex-président nigérian, Goodluck Jonathan, est attendu à Bamako mardi.
Dans communiqué conjoint, le Comité local de suivi de la transition “exigent la libération immédiate et inconditionnelle des autorités » arrêtées et « soulignent que les éléments militaires qui les détiennent seront tenus personnellement responsables de leur sécurité ».
Les membres du comité « réaffirment leur ferme soutien aux autorités de la transition et demandent que la transition reprenne son cours pour se conclure dans les délais prévus ». « La communauté internationale rejette par avance tout acte imposé par la contrainte, y compris des démissions forcées », insiste le comité.
Le comité exprime « sa profonde préoccupation face à la situation au Mali marquée par l’arrestation du Président de la transition, du Premier ministre et de certains de leurs collaborateurs ». Il souligne que « l’action inconsidérée conduite, ce jour, porte en elle le risque d’un affaiblissement de la mobilisation de la communauté internationale en faveur du Mali ».
Ce comité composé de la CEDEAO, de l’Union africaine (UA) et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), avec des membres de la communauté internationale, y compris la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne, « condamnent fermement la tentative de coup de force survenue à la suite de la publication du décret portant nomination des membres du gouvernement par le Président de la transition sur proposition du Premier ministre ».
Les membres du comité local de suivi de la transition au Mali « se félicitent de l’annonce de la venue demain (Ndlr, mardi) de la délégation de la CEDEAO » et demandent à tous les acteurs concernés d’apporter « leur pleine coopération aux efforts déployés en vue de la reprise immédiate du cours normal de la transition ».